Une passionnée de l’assurance Takaful, issue d’une famille d'assureurs, avec une expérience de 20 ans dans le marché de l’assurance. J’ai fait 4 compagnies d’assurances au Sénégal. Actuellement je suis Responsable de la fenêtre Takaful à Askia assurances Sénégal et je remercie la Directrice Générale de ASKIA ASSURANCES Mme Oumou Niang TOURE pour la confiance.
IFC MAG : Quel est votre cursus ?
J’ai eu un diplôme en Marketing et Technique de Vente (ISG UCAD), un diplôme en Commerce International (ISG/UCAD), une maîtrise en Gestion et Commerce option Assurance (Sup'M. Maroc), un Master Africain en Microfinance (au Cesag) et un DESS en Banque et Finance Islamique au CIBE Alhuda avec un certificat en Takaful.
IFC MAG : Comment fonctionne la société Takaful ?
L’assurance Takaful est basée sur les principes et les fondements charaiques qui doivent figurer dans les statuts de la société, son règlement intérieur et dans les contrats.
Le participant doit faire don de sa cotisation, la société de gestion doit avoir deux comptes séparés pour elle et pour le fonds des adhérents. La société agit en qualité de mandataire pour gérer le compte de l’assurance et mudarib ou mandataire d’investissement pour les placements des actifs de l’assurance. La société doit se doter d’un comité de supervision charaique ainsi que d’un comité d’audit interne chargé de contrôler la conformité de l’activité de la société à la charia.
IFC MAG : Comment évolue l’assurance Takaful au Sénégal ?
Pour l’instant c’est un peu timide. Nous avons notre partenaire en Takaful vie, Sen Takaful qui fait son évolution sur le marché. Et bientôt Askia Takaful en IARD. Je pense que cette année In shaa Allah, avec l’ouverture de notre fenêtre et la participation des banques et institutions islamiques, on verra une grande évolution de l’assurance Takaful au Sénégal. Avec plus de couverture dans les risques en Takaful Général et famille.
IFC MAG : Comment vous est venue la passion pour le Takaful ?
Depuis mon enfance, l’assurance a toujours été ma passion. Mon père faisait partie des premiers assureurs à Dakar. Il a créé avec son ami Henry Pierre Delmas la première compagnie d'assurance Urbain et la Saine qui est devenue CSAR et après AXA. Issue d’une famille religieuse, je me suis toujours intéressée au volet islamique de l’assurance. Et c’est en 2011 que j’ai démissionné de Amsa assurances pour créer mon propre cabinet de consultance et formation. Et en 2016, j’ai organisé le premier séminaire international sur l’assurance Islamique au Sénégal avec comme invité le CEO, M.Zubair de ALHUDA Cibe. Et depuis 2011, je fais des recherches sur la pratique du Takaful.
IFC MAG : L’assurance de façon générale reste encore inaccessible aux populations africaines. Comment le Takaful pourrait contribuer à une amélioration du taux de pénétration de l'assurance et favoriser l'inclusion financière ?
Je félicite et remercie la CIMA par son règlement N 003 /CIMA/PCMA/PCE/2019, avec son livre 9, qui nous a permis de nous lancer dans les opérations Takaful. Il faut une formation, une communication sur l’assurance islamique. Je le dis souvent, on crée des services et produits suivant les besoins de nos cibles. Les compagnies Takaful et fenêtres Takaful doivent offrir des services financiers adaptés aux adhérents qui sont exclus de l’assurance conventionnelle. Pour cela, il faut un partenariat avec les banques et institutions de microfinance islamiques. Ces partenariats vont améliorer le taux de pénétration de l’assurance Takaful dans le secteur financier, le secteur formel comme informel ; ainsi que l’inclusion financière avec la distribution massive des produits d’assurance Takaful. Selon les données de la BCEAO Juillet 2019, le taux global d’utilisation des services financiers (TGUSF) est passé de 53,6% en 2017 à 57,1% en 2018, et le taux de Bancarisation élargie (TBE) est passé de 35,8% en 2017 à 41,3% en 2018. Ce qui montre un grand atout pour l’assurance islamique surtout la Bancatakaful. L’inclusion financière se fera avec l’utilisation des produits Takaful dans la politique de souscription de banques et des institutions de microfinance islamiques de telle sorte à assurer, protéger et pérenniser les activés génératrices de revenus des adhérents ainsi que la santé financière de ces institutions islamiques. Donc, pour mieux assurer l’inclusion financière avec l’assurance Takaful, on doit s’accentuer sur trois secteurs (avec des services et produits adaptés aux besoins), la banque, le secteur de la monnaie électronique et le secteur des SFD (Systèmes financiers décentralisés) mais aussi l’accompagnement de l’Etat par le biais du PROMISE.
IFC MAG : On vous connaît pour votre dynamisme et engagement dans la promotion du Takaful. Comment promouvoir l'intégration des femmes dans cette nouvelle industrie ?
Effectivement. Je suis très engagée dans la promotion de l’assurance Takaful et surtout le développement de la femme africaine. Et je suis dans l’accompagnement des femmes depuis 2009 sur le volet formation et conseil. Je sais que la lutte contre la pauvreté, la réussite de l’inclusion financière et même celle de l’assurance Takaful ne peuvent se faire sans la participation de la Femme. Alors, il faut associer les femmes en commençant par l’éducation financière du Takaful dans les instituts, les écoles de formation. De même qu’au niveau des groupements, associations féminines, des tontines, des GIE etc. Communiquer, former et sensibiliser de façon simple sur les techniques et produits Takaful. Dans le cadre de l’axe stratégique n°2, dans la Lettre de Politique Sectorielle, l’État a accordé une importance majeure à l’élargissement de l’accès aux services financiers aux couches vulnérables, notamment les femmes et les jeunes. La majeure partie de ces femmes sont dans des groupements ou associations qui ont le même objectif que l’assurance Takaful (entraide). Elles ont donc une place très importante dans le Takaful. Ces femmes une fois formées seront les premières actrices de l’assurance Takaful qui vont elles-mêmes acheter et vendre les produits et seront les canaux de distribution.
Propos recueillis par Sory TOURE,
IFC MAGAZINE du 15 Février 2022