Le Ghana veut doter son secteur financier d’un nouveau cadre règlementaire pour la finance islamique d’ici fin 2025 ; une réforme jugée « structurante » pour l’écosystème financier et l’inclusion des population exclue du système financier traditionnel. Objectifs : un corpus cohérent couvrant la banque, les marchés de capitaux et l’assurance, adossé à un cadre de gouvernance sharia robuste.
Une approche hollistique coordonné par les régulateurs
Selon les éléments rendus publics, la Banque du Ghana (BoG), la Securities and Exchange Commission et la National Insurance Commission travaillent de concert pour harmoniser les differents cadres règlementaires. Des adaptations sont envisagées pour formaliser la gouvernance charia (conseils de supervision, normes de conformité) et préciser les modalités d’octroi de licences.
Selon le professeur John Gartchie Gatsi, conseiller auprès de la Banque du Ghana (BoG), ce nouveau cadre normatif devra « poser les bases d’un système bancaire « non basé sur l’intérêt » et conforme aux principes éthiques de la loi islamique ». Aussi précise-t-il que « le Ghana ambitionne de créer une structure de gouvernance à travers un Conseil de supervision shariah pour garantir la conformité religieuse des opérations financières ». Les réformes législatives passeront notamment par la modification de l’Act 930 sur le secteur bancaire pour préciser les conditions d’octroi de licence et la gouvernance de ces types établissements.
La BoG a, par ailleurs, inscrit ces réformes au registre de ses priorités de modernisation du cadre financier, en parallèle d’autres chantiers réglementaires en cours, selon les documents publics et interventions officielles récents.
Les autorités misent sur un triple effet : inclusion financière, nouvelles sources de financement et appétit des capitaux étrangers. Les « Dépôts sans intérêt », crédits conformes et sukuk deviendront des leviers pour drainer l’épargne et financer les infrastructures, tout en élargissant la base d’investisseurs (monde musulman et autres banques multilatérales).
Contraintes et perspectives
Malgré l’élan réglementaire salutaire, plusieurs défis ont été identifiés : le besoin de compétences locales (jurisprudence islamique, structuration de produits), la sensibilisation du public et des clients corporates, ainsi que l’harmonisation entre normes charia et exigences prudentielles locales. La mise en place d’instances de supervision charia indépendantes et de procédures de contrôle robustes restera déterminante pour la crédibilité du dispositif et la confiance des investisseurs.
Des académiciens et praticiens au Ghana soulignent aussi l’importance d’un cadre légal claire et favorable sur la licence, la fiscalité et le traitement comptable des contrats islamiques (mudaraba, murabaha, ijara), afin d’éviter les ambiguïtés et d’assurer la neutralité concurrentielle avec la banque conventionnelle.
Les annonces ont suscité un écho favorable au sein de l’écosystème financier local et des réseaux spécialisés de la finance islamique, où l’on salue une « échéance claire » et une approche interrégulateurs jugée essentielle à la cohérence du marché. Des acteurs privés ont commencé à cadrer leur communication autour de produits « éthiques » compatibles, en anticipant le futur cadre technique et de gouvernance.
Le secteur bancaire privé a commencé à communiquer sur une approche « éthique abrahamique » compatible avec les principes islamiques, signe d’un intérêt croissant des institutions pour une offre de produits alignés avec ces standards.
« Fixer une date-butoir à 2025 donne un signal positif au marché », résume une brève sectorielle, tout en soulignant que la réussite du projet dépendra de la qualité des textes et de la capacité à former les équipes des banques et des superviseurs.
Si le calendrier est respecté, le Ghana rejoindrait le groupe croissant d’économies africaines ayant adopter un cadre règlementaire pour la finance islamique — et pourrait, à terme, explorer des émissions de sukuk pour des besoins d’infrastructure ou de gestion de la dette, à l’instar d’expériences menées ailleurs sur le continent. Les prochains mois seront décisifs pour la rédaction finale des textes, les consultations avec le marché et la préparation opérationnelle des institutions financières. Plein succès…
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