La Banque islamique de Développement vient d’émettre son deuxième sukuk de l’année. D’une valeur de 1,25 milliard de dollars, cette émission permettra, comme les précédentes, à l’institution multilatérale de financer des projets de développement durable.
Au cours des dernières années, les Sukuk (obligations islamiques) ont été de plus en plus prisés par les institutions et gouvernements cherchant à financer des projets de développement durable. La Banque islamique de Développement (BID) s’inscrit pleinement dans cette tendance, continuer de jouer un rôle central en tant qu’émetteur majeur de Sukuk en 2024. Ainsi, le 8 octobre 2024, la BID a annoncé avoir levé 1,25 milliard de dollars lors de sa deuxième émission de Sukuk de l’année. La première émission, réalisée le 8 mai dernier, avait permis de lever 2 milliards de dollars, portant ainsi le total des émissions de Sukuk de la BID à 3,25 milliards de dollars pour l'année. Ces émissions s’inscrivent dans le cadre de son programme global d’émission de Sukuk, estimé à 25 milliards de dollars.
Cette deuxième émission de Sukuk, négociée avec un taux de profit de 4,047 % et payable semestriellement sur une période de 5 ans, a vu la participation de nombreux établissements financiers de renom, notamment BNP Paribas, BSF Capital, Citi, Dubai Islamic Bank, Emirates NBD Capital, HSBC, NATIXIS, Qatar International Islamic Bank, Société Générale et Standard Chartered Bank.
Impact socio-économique des Sukuk de la BID
Au-delà des chiffres, les fonds levés à travers ces émissions de Sukuk visent à financer des projets de développement durable dans les pays membres de la BID ainsi que dans les communautés musulmanes à travers le monde. Ces projets couvrent des problématiques socio-économiques critiques telles que la lutte contre la pauvreté, le changement climatique, l’insécurité alimentaire et le renforcement de la résilience. Ces initiatives s’alignent sur la nouvelle stratégie de la BID, qui met l'accent sur le développement d'infrastructures durables et résilientes, ainsi que sur le développement humain inclusif.
Zamir Iqbal, vice-président (finances) et directeur financier de la BID, a exprimé sa satisfaction quant à la réussite de cette émission malgré les défis du marché :
Nous sommes très heureux d'avoir réalisé une nouvelle émission de référence dans un environnement difficile. Cela n'aurait pas été possible sans le ferme soutien de nos pays membres et de nos investisseurs, en particulier les nouveaux partenaires qui ont participé pour la première fois à une émission de Sukuk de la BID.
Les Sukuk, un levier stratégique pour la BID
La BID accorde une importance croissante aux Sukuk, non seulement en tant que source de financement pour ses projets de développement, mais aussi pour diversifier ses sources de capital et renforcer sa position sur le marché mondial des capitaux islamiques. L'institution vise, par ces émissions, à répondre aux besoins de financement de projets prioritaires tout en minimisant les coûts de levée de fonds.
À l’échelle globale, les Sukuk contribuent également à la stimulation de la croissance économique, à la réduction de la pauvreté et à l'amélioration de l'accès aux services essentiels dans les pays en développement. Les investisseurs, de plus en plus en quête d’opportunités d’investissement éthiques, manifestent un intérêt croissant pour ces instruments financiers.
Contexte et défis à long terme
Selon le guide sur l’émission des Sukuk de durabilité, publié en avril 2024 par l'International Capital Market Association (ICMA), la BID et le London Stock Exchange Group (LSEG), le marché des Sukuk destinés au financement durable a atteint 47 milliards de dollars depuis 2017. Rien qu’en 2023, 13,4 milliards de dollars ont été émis, marquant une augmentation de 42 % par rapport à l’année précédente. Cette progression souligne l'intérêt grandissant des investisseurs pour ces instruments qui s'alignent avec les Objectifs de Développement Durable (ODD).
De plus, le dernier rapport de Fitch Ratings sur les perspectives globales des Sukuk au troisième trimestre 2024 publié le 7 octobre 2024 indique que l'encours mondial des sukuk s'élevait à environ 900 milliards de dollars à la fin du troisième trimestre de l'année 24, en hausse de 8,5 % en glissement annuel.
Cependant, la BID pourrait être confrontée à des défis à long terme. Ceux-ci incluent la nécessité de maintenir un cadre de gouvernance robuste, de surmonter les variations de la demande d'investisseurs, et d'assurer une transparence accrue dans le suivi des projets financés par les Sukuk.
Nul doute que les Sukuk ont le vent en poupe depuis ces dernières années et se présentent aujourd’hui comme un outil clé de la finance islamique pour financer le développement durable, d’où cette dynamique d’exploiter son potentiel. Cependant, au fur et à mesure que le marché des Sukuk s’étendra, il pourrait être confronté à des défis. Ceux-ci incluent la nécessité de maintenir un cadre de gouvernance robuste à l'échelle mondiale, de surmonter les variations de la demande d'investisseurs, et d'assurer une transparence accrue dans le suivi des projets financés par les Sukuk.
IF News
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