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Museveni ouvre la voie à la finance islamique en Ouganda avec Salaam Bank

Le président ougandais Yoweri Museveni a officiellement lancé mercredi les activités de Salaam Bank Uganda, filiale du groupe bancaire djiboutien Salaam et première institution financière islamique agréée dans le pays. Une étape majeure pour le développement de la finance islamique et l'inclusion financière en Ouganda. Cette cérémonie de lancement, organisée au Kololo Ceremonial Grounds dans la capitale Kampala, marque le démarrage officiel des opérations de la nouvelle banque.

 

Un marché de 48 millions d'habitants

"Je vous souhaite la bienvenue en Ouganda, c'est un marché considérable de 48 millions d'habitants aujourd'hui", a déclaré le chef de l'État à l'adresse des dirigeants de la banque, les invitant à tirer parti de ce vaste potentiel. Une population en pleine croissance et un taux de bancarisation encore faible : le terreau semble fertile pour le développement de cette nouvelle offre bancaire fondée sur les principes de la charia.

Autorisée à exercer depuis septembre 2023 après l'obtention de sa licence auprès de la Banque centrale ougandaise, Salaam Bank Uganda est une filiale du groupe bancaire djiboutien Salaam. Son lancement fait suite à l'adoption en août dernier par le parlement ougandais d'une loi autorisant les activités de banque islamique dans le pays. Une avancée législative aussitôt entérinée par le président Museveni.

 

La finance islamique comme moteur d'inclusion

"L'établissement d'une banque islamique marque une étape significative dans le cheminement de l'Ouganda vers l'autonomisation économique et une croissance financière inclusive", s'est félicité Ibrahim M. Abdirahman, président du conseil d'administration de Salaam Bank, saluant le "soutien sans faille" apporté par le président Museveni à ce projet.

Reposant sur le principe du partage des profits et des pertes et proscrivant le recours aux taux d'intérêt (riba), la finance islamique a en effet vocation à offrir des services bancaires en phase avec les convictions religieuses d'une partie de la population, mais aussi à attirer une clientèle en quête de solutions de financement alternatives.

 


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Un groupe en pleine expansion régionale

"Au fil de notre parcours en Afrique de l'Est, nous avons observé des réalisations remarquables au sein des communautés que nous servons", a souligné Ibrahim Abdirahman, évoquant pêle-mêle "le pouvoir transformateur de la finance islamique au Kenya, la résilience économique du peuple éthiopien, l'esprit d'innovation de la Malaysie et le dynamisme du paysage des affaires à Djibouti", autant de pays où le groupe Salaam est déjà présent.

Créé en 2008 à Djibouti, le groupe bancaire islamique Salaam a depuis essaimé dans la sous-région, avec des filiales au Kenya et en Éthiopie, avant de faire son entrée sur le marché ougandais. Une expansion régionale qui reflète le dynamisme de la finance islamique en Afrique : selon un rapport récent de l'Islamic Corporation for the Development of the Private Sector (ICD), les actifs financiers islamiques pourraient atteindre 6,667 milliards de dollars dans le monde d'ici 2027, dont une part croissante sur le continent africain.

 

Accompagner le développement socio-économique du pays

Au-delà de sa dimension religieuse, la finance islamique entend aussi se mettre au service du développement économique et social des pays où elle s'implante. Avec ses produits "conformes à la charia" axés sur le partage des risques et des bénéfices et adossés à des actifs réels, elle peut notamment permettre de financer des projets d'infrastructures, d'encourager l'entrepreneuriat ou encore de soutenir l'agriculture.

Lors de la cérémonie, le président Museveni a exhorté la banque à "lutter contre la pauvreté et créer de la richesse", en soutenant notamment les secteurs prioritaires que sont "l'agriculture commerciale, l'industrie manufacturière, les services et les technologies de l'information". Autant de leviers de développement qui "ont besoin de capitaux", a-t-il insisté, en rappelant les différents programmes mis en place par son gouvernement pour favoriser l'accès des Ougandais au financement.

Le chef de l'État a cependant reconnu que ces dispositifs, conçus sous forme de subventions, pouvaient poser problème aux musulmans en raison de la question des intérêts. "Si vous me convainquez qu'il y a des contradictions avec les enseignements de l'islam, alors je trouverai un moyen d'envoyer directement votre argent à Salaam Bank", a-t-il promis, assurant qu'une réunion serait bientôt organisée avec les leaders musulmans pour évoquer le sujet.

Pleinement associer la communauté musulmane au développement du pays est en effet une priorité pour le dirigeant ougandais, qui a salué la contribution de l'Université islamique d'Ouganda à la formation de "nombreux diplômés de différentes professions, y compris des non-musulmans". "Lorsqu'on m'a parlé de la banque islamique, j'ai dit que je n'avais aucun problème avec ça. Nous devrions les laisser opérer et c'est pourquoi nous avons maintenant Salaam Bank", a-t-il conclu.

 

Le défi de l'éducation financière

Reste à faire connaître ces nouvelles solutions de financement auprès d'une population encore peu familière des arcanes de la finance islamique. Car en Ouganda comme dans beaucoup de pays africains, le principal frein au développement de ce marché reste le manque de sensibilisation et d'éducation financière du grand public comme des professionnels.

Un défi que les autorités ougandaises et les acteurs du secteur devront relever main dans la main pour libérer tout le potentiel de cette "banque alternative". Car au-delà des considérations religieuses, c'est bien d'inclusion financière et de développement économique durable dont il est question. Une équation dans laquelle la finance islamique a assurément toute sa partition à jouer.

 

TOURE SORY6 Revues

Sory TOURE est le directeur de publication de IFMAG. Consultant spécialiste de la finance islamique, il est aussi fondateur de Dexterity Africa.

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