Le 28 novembre 2024, le Lycée Moderne Yopougon Andokoi d’Abidjan a été le théâtre d’un événement marquant pour la santé visuelle des enfants en Afrique. La cérémonie de lancement du programme régional « Soins oculaires pour l’autonomisation des enfants en Afrique », organisé en partenariat avec le Programme National de la Santé Oculaire (PNSO), a réuni des acteurs clés du développement. Cette initiative ambitieuse, soutenue par des organisations dont la Banque Islamique de Développement (BID) et le Fonds de Solidarité Islamique pour le Développement (une filiale de la BID) ainsi que Qatar Charity, vise à lutter contre les problèmes de santé oculaire évitables, notamment les erreurs réfractives non corrigées (ERNC), afin de donner à chaque enfant l’opportunité de réaliser son plein potentiel.
Un fléau peu visible : la déficience visuelle en Afrique
En Côte d’Ivoire, près de 14 % de la population souffrent de déficience visuelle, dont une large part pourrait être évitée ou traitée. Ces troubles ont des répercussions significatives, particulièrement chez les enfants en milieu scolaire, où ils affectent directement leur performance académique et leur bien-être. Selon le Dr Nguessan Koffi, le Ministre de la formation technique et professionnelle, représentant le Ministre de la Santé, de l'Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle, la prévalence des problèmes de vision est particulièrement élevée chez les jeunes filles, ce qui met en lumière des disparités sociales et économiques alarmantes.
Pour répondre à ce défi, le projet mobilise un financement de 3 millions USD destiné à renforcer les systèmes de santé oculaire dans 13 pays africains, dont le Burkina Faso, le Tchad, la Guinée, et la Côte d’Ivoire. D’ici 2029, l’objectif est de réduire de 25 % les troubles visuels chez les élèves du primaire et du secondaire et d'améliorer l'accès aux soins oculaires appropriés dans les zones les plus vulnérables. Cette initiative bénéficie de l'appui de plusieurs organisations dont la Banque Islamique de Développement, le Fonds de Solidarité Islamique pour le Développement, Qatar Charity, la Banque Arabe de Développement Economique en Afrique, Direct Aid, the Indonesian Agency for International Development, Secours Islamique France.
Les ambitions du programme EYECA
Le projet EYECA (Eye Care for African Children) s’inscrit dans la continuité de la deuxième génération de l'Alliance pour la lutte contre la cécité évitable (AFAB-II). Il s’articule autour de quatre axes majeurs :
- Renforcement des capacités : Formation des enseignants pour détecter précocement les troubles visuels.
- Amélioration des systèmes de détection : Déploiement de cliniques mobiles pour couvrir les zones éloignées.
- Accès aux soins médicaux : Fourniture de lunettes correctrices à 320 000 élèves et 37 000 enseignants, traitements pour 76 000 enfants, et 4 000 opérations chirurgicales.
- Sensibilisation : Campagnes auprès des communautés pour promouvoir les visites médicales régulières.
Lors des phases pilotes, menées dans des pays comme le Niger et le Togo, il a été révélé que 3 à 4 % des enfants nécessitent des soins oculaires, selon M. Naciri, Coordonnateur du Projet AFAB-II. Cependant, des barrières économiques, sociales et culturelles empêchent encore bon nombre d'entre eux d'accéder à ces services.
Une mobilisation locale et internationale importante
Le lancement du projet a été marqué par la présence de personnalités influentes et de partenaires engagés. Mme May Ali Babiker, Directrice de la Coopération et du Développement des Capacités à la Banque Islamique de Développement, a salué un moment « historique », soulignant l’importance de ce programme pour l’inclusion sociale et économique en Afrique. Elle a également appelé à pérenniser cet esprit de solidarité entre les organisations partenaires.
De son côté, M. Yousef Bin Ahmed, représentant de Qatar Charity, a mis en avant « l’impact du partage » et a invité tous les acteurs à considérer cette initiative comme un investissement dans l’avenir des enfants africains. Il a noté que Qatar Charity, à travers sa participation à ce projet, vise à s’assurer que « chaque enfant atteigne son plein potentiel ».
Pour sa part, M. Khalid Ahmed, représentant le Fonds de Solidarité Islamique pour le développement, a souligné que:
en restaurant la vue, nous ne restaurons pas seulement la vision, nous restaurons (aussi) l'espoir, la dignité et la possibilité pour les jeunes de contribuer au développement de leur société.
Le Prof. Yéo, représentant la ministre de l’Éducation nationale, a plaidé pour un accès universel des élèves aux soins oculaires, affirmant que cela contribuerait directement à améliorer leurs performances académiques.
Lors de la remise officielle des lunettes aux élèves bénéficiaires, Mlle Kouakou Emmanuella, élève en classe de terminale et représentante des élèves, a exprimé sa profonde gratitude envers toutes les parties prenantes. Elle a salué ce geste de solidarité d’une grande portée, soulignant que ces lunettes permettront de surmonter un obstacle majeur à leur réussite éducative. Elle a également assuré un usage responsable et judicieux de cet outil précieux, essentiel pour leur parcours scolaire.
L’initiative AFAB-II fprte déjà ses fruits
Dans le cadre de la mise en œuvre de ce programme, les interventions par le Ministère de la Santé de l’Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle à travers le PNSO ont permis :
- D’offrir des consultations à plus de 53 000 adultes, lors des différentes campagnes et à plus de 250 000 enfants dont 34 000 en milieu scolaire ;
- D’offrir 9000, chirurgie de cataracte ;
- De distribuer plus de 3000 paires de lunettes aux enfants d’âge scolaire atteints de fortes amétropies ;
- De bénéficier de 05 (cinq) bourses d’études pour le renforcement de capacité de 03 ophtalmologistes à la prise en charge de la rétinopathie diabétique et du Glaucome au Pakistan et de 02 (deux) biotechniciens à la maintenance en matériels ophtalmologiques en Inde.
Enjeux et perspectives
Au-delà de ses objectifs chiffrés, cette initiative vise à autonomiser les générations futures en leur offrant les outils nécessaires pour réussir. Toutefois, les défis restent nombreux, notamment le coût élevé des dépistages et des traitements. Pour maximiser l’impact, le Ministre Dr Nguessan Koffi a appelé à la création d’un fonds dédié à la santé visuelle et à un renforcement des collaborations entre les partenaires locaux et internationaux.
Avec des ambitions aussi vastes et une mobilisation aussi forte, le programme EYECA promet d’être un levier essentiel pour transformer la vie de millions d’enfants en Afrique, leur offrant ainsi une chance de contribuer pleinement au développement de leurs sociétés.
IFMAG
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