La finance islamique fait preuve de résilience face aux taux élevés, la Malaisie en pole position

Dans un contexte économique marqué par des taux d'intérêt élevés qui ont exercé une pression sur les actifs sous gestion (AUM) publics islamiques en 2023, Fitch Ratings, l'une des principales agences de notation mondiales, entrevoit un retournement de situation dans un avenir proche. Selon ses estimations, les AUM publics islamiques devraient renouer avec leur niveau record de 2021, avoisinant les 140 milliards de dollars, d'ici 2025-2026.

 

Un horizon qui s'éclaircit grâce à l'assouplissement monétaire attendu

Cet optimisme affiché par Fitch repose sur l'anticipation d'un assouplissement de la politique monétaire américaine, avec des taux directeurs prévus à 4,75% en 2024 et 3,5% en 2025. Un environnement de taux plus clément devrait raviver l'intérêt des investisseurs pour les marchés émergents, et par extension, pour les fonds islamiques. Cependant, l'agence de notation appelle à la prudence face aux potentielles turbulences liées à l'évolution de la conjoncture macroéconomique et géopolitique.

 

La Malaisie, fer de lance de l'industrie des fonds islamiques

À fin 2023, les fonds islamiques publics géraient globalement plus de 111 milliards de dollars d'actifs, affichant une croissance de 3% en glissement annuel. La Malaisie s'impose comme le principal centre de gestion de ces actifs avec 28,3% du total (31,6 milliards de dollars), talonnée par l'Irlande (18,1%, 20,1 milliards de dollars) et l'Arabie Saoudite (17,2%, 19,2 milliards de dollars). En termes de nombre de fonds, la Malaisie conserve son leadership avec 36,8% des fonds islamiques, devançant l'Indonésie (16,9%) et le Pakistan (15,3%).

 

Des disparités régionales dans la pénétration des fonds islamiques

Au sein des pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), les fonds islamiques constituaient près de 80% de l'ensemble des fonds publics fin 2023, portés par une demande soutenue des investisseurs soucieux du respect des principes de la Charia. Cette proportion est moins élevée au Pakistan (49%), en Malaisie (33%) et en Indonésie (8%). Sur les principaux marchés de la finance islamique, les volumes des fonds islamiques sont demeurés stables par rapport à fin 2022, alors que les fonds conventionnels ont enregistré une hausse de 2,8%.

Si l'industrie de la gestion d'actifs islamiques peut se réjouir des perspectives favorables qui se profilent, elle ne doit pas pour autant relâcher sa vigilance face aux défis inhérents à un environnement économique et géopolitique mondial en constante mutation. La capacité d'adaptation et d'innovation des acteurs sera déterminante pour saisir les opportunités de croissance, en particulier sur les marchés émergents où la demande pour des produits financiers conformes à la Charia ne cesse de croître. La Malaisie, fort de son leadership incontesté (première dans le classement du IFDI report 2023) et de son écosystème réglementaire propice, devrait continuer à jouer un rôle de premier plan dans le développement de la finance islamique.

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