La COP 27 appelée la COP Africaine aura bien mérité son nom avec le progrès significatif constaté sur le financement des pertes et dommages subis par les pays touchés par le changement climatique bien que contribuant le moins au réchauffement de la planète. En effet, en ce dimanche 19 novembre 2022 vers l’aube après de longues et difficiles négociations, un accord a été trouvé entre les délégués d’environ 142 pays sur l’indemnisation des pays en développement.
Sujet ajouté au dernier moment à l’ordre du jour de la COP27 sous la pression des négociateurs du G77, cet accord sur les pertes et dommage a été qualifié d’historique par de nombreux experts et parties prenantes de la COP27.
Aussi, les gouvernements ont convenu de mettre en place un comité spécifique chargé de formuler des recommandations sur l’opérationnalisation de nouveaux mécanismes de financement de ce fonds lors de la COP28 en 2023.
Vives réactions sur le plan international
"Ce résultat nous fait avancer", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif des Nations Unies pour le changement climatique. "Nous avons déterminé une voie à suivre dans le cadre d'une conversation qui dure depuis des décennies sur le financement des pertes et dommages - en délibérant sur la façon dont nous abordons les impacts sur les communautés dont les vies et les moyens de subsistance ont été ruinés par les pires impacts du changement climatique."
"Le puissant plaidoyer des pays vulnérables au climat et du mouvement mondial pour la justice climatique a forcé un changement de cap lors de cette COP sur le paiement des pertes et dommages", a déclaré Jean Su, directeur de la justice énergétique au Center for Biological Diversity.
"Historique. Je crois vraiment que c'est historique", a reconnu Collins Nzovu, ministre zambien de l’environnement et qui ajoute : "C'est un résultat très positif pour 1,3 milliard d'Africains."
Le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif, dont le pays a été durement touché par les inondations cette année, n’a pas manqué de réagir sur son compte Twitter : "Un premier pas décisif vers l'objectif de justice climatique". De son côté, la ministre pakistanaise du climat ajoutait sur son compte Twitter : "Ce fut un long voyage de 30 ans, de la demande à la formation du Fonds pour pertes et dommages pour 134 pays. Nous nous félicitons de l'annonce d'aujourd'hui et du texte commun martelé au cours de nombreuses nuits. C'est un premier pas important dans la réaffirmation des principes fondamentaux de la justice climatique".
Quelques jours avant cet accord, Mary Robinson, présidente de The Elders et ancienne présidente de l'Irlande déclarait : " Cette proposition des co-responsables ministériels Jennifer Morgan et Maisa Rojas sur le financement des pertes et dommages nous place à l'aube d'une percée historique. Nous sommes passés d'une situation où le financement des pertes et dommages ne figurait même pas à l'ordre du jour de la COP27 à une situation où un fonds, un mécanisme et un flux financier sont à notre portée.
"S'il est adopté, ce texte pourrait bien déclencher une réforme audacieuse du système financier international au sens large, afin que les banques multilatérales de développement (BMD) ouvrent leurs coffres à ceux qui ont besoin d'un financement des pertes et dommages. Si ce texte est adopté lors de la COP27, il n'apporte pas seulement une réponse à la CCNUCC en matière de financement des pertes et dommages, il pourrait initier la restructuration de l'architecture financière internationale pour répondre aux défis mondiaux d'aujourd'hui."
En quoi consistent réellement les pertes et dommages dans le discours climatique ?
"Les pertes et dommages désignent les coûts économiques et non économiques irréversibles des phénomènes météorologiques extrêmes tels que les ouragans, les vagues de chaleur, la sécheresse et les incendies de forêt, ainsi que les catastrophes climatiques à évolution lente telles que l'élévation du niveau de la mer et la fonte des glaciers. Il s'agit de tenir les plus gros pollueurs de combustibles fossiles responsables de la douleur et de la souffrance déjà causées par la crise climatique, indépendamment et en plus de la garantie d'un financement climatique pour l'atténuation et l'adaptation afin d'aider les nations en développement à se préparer à ce qui s'annonce. " The guardian.
Le Secrétaire Général des Nations Unies, António Guterres, lors de l'assemblée générale des Nations Unies de cette année, a abordé le financement des pertes et dommages comme une "question fondamentale de justice climatique, de solidarité internationale et de confiance ".
Une victoire historique ?
Cet accord est l’aboutissement de trois décennies de lutte menées par les membres du G77 depuis que les pertes et dommages ont été mentionnés pour la première fois dans les négociations climatiques internationales en 1991. A l’époque l'Alliance des petits États insulaires proposait un pool d'assurance qui compenserait les îles de faible altitude pour les pertes et dommages associés à l'élévation du niveau de la mer.
Le débat a pris de l’ampleur ces dix dernières années dans la diplomatie climatique au fur et à mesure que les effets du changement climatique devenaient apparents sur les économies des pays en développement. Les récentes inondations au Pakistan qui ont touché 33 millions de personnes, dont plus de 1 730 pertes en vie humaine avec des pertes estimées entre 30 et 35 milliards de dollars ont renforcé la position des pays en développement sur la question des pertes et dommages
S’exprimant sur son compte Twitter, Simon Stiell, secrétaire exécutif des Nations Unies pour le Changement Climatique réaffirmait : " La COP27 a défini une voie à suivre dans une discussion qui dure depuis des décennies sur le financement des pertes et dommages. Servons-nous de ce succès comme un levier pour restaurer la confiance dans notre processus. Servons-nous-en pour réaliser de plus grandes ambitions et une mise en œuvre plus rapide".
IFC NEWS
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