Les sukuks à la rescousse de l'économie égyptienne : un plan à 2 milliards

Dans un contexte économique tendu, le Caire déploie sa stratégie d'attraction de devises étrangères en annonçant une ambitieuse émission de titres islamiques pour 2025. Une manœuvre qui témoigne de la montée en puissance de la finance islamique dans le pays.

Face aux vents contraires qui soufflent sur l'économie égyptienne, le pays des pharaons se tourne vers les cieux de la finance islamique. Le ministre des Finances Ahmed Kouchouk a dévoilé mercredi un plan d'émission de sukuks souverains d'une valeur totale de 2 milliards de dollars pour l'année 2025. Une stratégie en plusieurs tranches qui vise à renflouer les caisses d'un État assoiffé de devises étrangères.

 

Le pari des sukuks pour dynamiser les finances publiques

L'annonce intervient alors que le secteur non-pétrolier égyptien vient d'enregistrer sa première contraction de l'année. Selon Reuters En mars, l'indice PMI de S&P Global pour l'Égypte a chuté à 49,2, passant sous la barre des 50 points qui sépare croissance et récession. Une situation préoccupante qui pousse les autorités égyptiennes à diversifier leurs sources de financement.

« Nous sommes également ouverts à explorer des échanges dette-contre-investissement, similaires à l'accord conclu avec les Émirats arabes unis pour le projet de développement de Ras El Hekma », a précisé le ministre Kouchouk dans sa déclaration à Reuters. Une référence au méga-projet d'investissement émirati qui a fait sensation sur les marchés en début d'année.

 

Une présence croissante sur le marché des finances islamiques

Ce n'est pas la première incursion de l'Égypte dans l'univers des sukuks. Fin 2024, les émissions souveraines et d'entreprises du pays atteignaient déjà 1,98 milliard de dollars (100 milliards de livres égyptiennes), selon l'Association égyptienne de finance islamique (EIFA). Une croissance régulière depuis la première émission souveraine de février 2023.

Pour mener à bien cette opération d'envergure, le gouvernement égyptien fait confiance au même consortium bancaire qui avait orchestré sa première émission souveraine de sukuks en 2023. HSBC, Citibank, Dubai Islamic Bank, First Abu Dhabi Bank et Abu Dhabi Islamic Bank ont été sélectionnés pour piloter ces nouvelles émissions, selon des sources gouvernementales citées par EnterpriseAM.

Si les rapports initiaux d'Asharq Business évoquaient une émission d'environ 1,5 milliard de dollars, le chiffre officiel de 2 milliards suggère que l'opération pourrait être échelonnée en plusieurs phases tout au long de l'année 2025.

 

Des signaux économiques contrastés

Cette annonce intervient dans un contexte économique paradoxal pour l'Égypte. Si le secteur non-pétrolier montre des signes d'essoufflement, le PIB du pays a néanmoins enregistré une croissance de 4,3% au second trimestre de l'année fiscale 2024/2025 (qui débute en juillet), contre 2,3% pour la même période de l'exercice précédent.

Cette performance témoigne de la résilience de certains secteurs de l'économie égyptienne, malgré les pressions persistantes sur la livre égyptienne, qui a récemment atteint un nouveau plancher historique face au dollar américain.

L'émission de sukuks s'inscrit ainsi dans une stratégie plus large de renforcement des réserves en devises du pays. Pour le Caire, l'enjeu est double : attirer les capitaux étrangers tout en s'imposant comme un acteur incontournable de la finance islamique en Afrique du Nord.

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